mercredi 2 février 2011

Rapport Post Midem: La music en streaming comme support de publicité se met en place


Le Midem c’est l’événement de l’industrie de la musique. Le moment où les chiffres de la profession sont devoilés officiellement, et notamment ceux qui concernent le numérique musical. 
Voici donc, quelques chiffres clés, des liens pour approfondir et quelques morceaux choisis d’articles de professionnels ou d’experts avisés
Tout d’abord l’état des lieux du Snep :.
Le numérique poursuit sa progression : + 14 %. Téléchargement, + 25 % pour les singles et + 35 % pour les albums.

Sur les 88 M€ de revenus liés au numérique, les revenus générés par le modèle de stream financées par la publicité n’ont représenté que 9,8 M€ et les modèles d’abonnement stream payant 14,55 M€.

Le streaming est le mode de consommation le plus plébiscité sur Internet, par 61 % des Français (77 % des 15-24 ans). 64 % des personnes interrogées visitent d’abord un site de streaming légal et gratuit pour écouter de la musique sur Internet. 6 % sur une offre de streaming payant soit un taux de transformation en abonnés payant inférieur à 10 %. C’est une pratique susceptible de progresser mais logiquement, le développement des offres gratuites de stream financées par la publicité soulève beaucoup d’interrogations chez les producteurs.

Sources : SNEP Bilan du marché de la musique enregistrée de l’année 2010 et Rapport de synthèse Etude Musique Numérique – Janvier 2011
Le disque ne pèse plus que 17 milliards de dollars à l’échelle mondiale, soit moins de trois fois les derniers bénéfices trimestriels d’Apple. Source : Philippe Astor. Midem 2011, Compte rendu, chiffres et commentaires sur l’industrie de la musique en pleine mutation 

La 1er chose que je retiens de ce Midem c’est que le streaming audio fédère une audience maintenant significative (en France, aujourd’hui + de 600 000 abonnés.) par contre c’est compliqué économiquement

Les revenus de la publicité et /ou des formules d’abonnement restent faibles, et des centaines de milliers d’écoutes peuvent ne rapporter que quelques dizaines d’euros aux producteurs, musiciens et éditeurs.

1 exemple glané sur twitter #midem « 800.000 écoutes d’1 titre sur Deezer = 160 euros de recettes pour le producteur » …effectivement c’est maigre et reste a savoir ce que gagne Deezer dans cette exemple. Si ça vous amuse de faire des Calculs +poussés, Phillipe Astor vous donne ici toute les clefs mathématiques. Perso la migraine est vite venue, j’ai simplement compris que les bénefs son maigres
.
Pascal Nègre a annoncé pendant une interview sur Radio Campus qu’il était pour limiter le nombre d’écoutes d’une même chanson sur Spotify et Deezer dans la formule du stream gratuit financé par la pub. Une annonce dans un contexte d’interview où le sujet était  «La musique ne peut être gratuite». Passé l’effet d’annonce, qui s’est rependu sur twitter, Pascal Nègre développe sont point de vue sur le sujet du streaming gratuit sur son blog:

Le streaming gratuit financé par la publicité demeure incontestablement un formidable outil. Il permet de découvrir des nouveaux talents, d’explorer un catalogue d’œuvres non exposées en média traditionnels mais également de revisiter des classiques. Cependant, si le streaming gratuit veut s’inscrire dans un développement durable, il ne doit pas engendrer de distorsion de business modèle et des usages. Il ne peut se substituer à l’achat à la carte ni à l’abonnement au risque de ne pouvoir assurer sa pérennité.

La sppf et Jerome Roger ont aussi exprimé leurs inquiétudes sur le streaming gratuit financé par la publicité.

Les producteurs de musique ne veulent pas que leurs contenus servent de « bundle » car ce phénomène contribue à dévaloriser les œuvres musicales. Il y a quelque temps, un directeur de label exprimait la crainte que la musique enregistrée se transforme en un accessoire : de même que pour un 1 € de plus, vous avez la climatisation dans votre voiture, va-t-on arriver à une situation où la musique deviendra une simple « commodité » comme disent les Anglais ?

Jérôme ROGER, Directeur Général de la SPPF conclut par

Et félicitons-nous qu’un « champion » de la musique en ligne puisse émerger en France. Mais, prenons garde à ce que la musique conserve une valeur intrinsèque vis-à-vis du consommateur final et qu’elle ne soit pas par trop soumise à des stratégies de packaging. 
[Streaming, gratuité, Deezer : tribune de la SPPFla valeur de la musique en 2011] http://bit.ly/go5unx

Pour résumer la crainte des producteurs vis a vis du steaming gratuit financé par la pub, c’est qu’à force de présenter la musique comme un rouleau de papier toilette qui se déroule à l'infinis, sans autre valeur ajoutée qu'une interface numérique, ils ont peur qu'elle finisse par avoir la valeur d'un kleenex. 

Dans un modèle aussi pauvre, en terme de rentabilité d'une part, et en terme de "nouveau média" d'autre part, il est facile de comprendre l'avis des producteurs et des labels. Des catalogues qui s'empilent sans aucune mise en valeur, sans logique de programmation, ni et SURTOUT de préconisation, d'affinité, ni possibilité d'une exploration intelligente, le tout enrobé de publicités imposées... C'est évident que leur patrimoine vaut mieux que ça! 


Au US, Spotify galère pour lançer son offre de streaming. Les Majors bloquent sur le modèle Européen. Spotify  serait contraint d’imposer des limites à la gratuité pour satisfaire les labels

Ces limites sur l'offre de streaming gratuit, ne sont pas encore précisées. Elles pourraient porter sur le nombre d'écoutes de morceaux par les internautes, la taille du catalogue accessible dans l'offre gratuite, ou encore la durée d'écoute.

En sommes les majors US considèrent le service de musique en stream gratuit comme 1 support de publicité classique avec des critères qui ne sont pas sans rappeler ceux des critères de la radio commerciale…

Taille de catalogue= Play list
Nombre d’écoute = Rotation
Durée d’écoute = DEA

Bien sur, il ne s'agit pas de reproduire le modèle de la radio, mais simplement des notions de gestion de patrimoine Musical.  Je trouve les arguments plein de bon sens.  C'est un début intéressant!


Pour le stream vidéo c’est différents, les chiffres sont plus expressifs.

L’audience d’abord : D’après une Etude menée par le cabinet Nielsen auprès de 25 000 internautes dans 53 pays interrogés sur leur consommation de musique au cours des trois derniers mois, le service musical en ligne le plus populaire n’est ni iTunes, ni Spotify, ni Groovehark …

57 % des sondés affirment avoir regardé un clip musical sur un site de partage de vidéos, comme YouTube ou Dailymotion. Un chiffre qui dépasse largement celui des internautes ayant acheté de musique en ligne, moins de 20% des sondés.

Denis Ladegaillerie, président du SNEP et PDG de l’agrégateur de labels indépendants Believe, a indiqué pendant le Midem que Youtube avait généré 4 M€ de revenus pour sa compagnie, dont la majeure partie (de l’ordre de 70 %) est redistribuée aux labels. Et de projeter qu’une plateforme comme Youtube pourrait représenter à elle seule entre 15 % et 20 % de ses revenus en 2011.
Le CPM (coût pour mille affichages) de Youtube est beaucoup plus rémunérateur que celui du streaming audio.


On comprend mieux l’achat de Dailymotion par Orange qui après avoir croqué Deezer vient d’acquérir 49% de Daily motion…et  pour une bouché de pain.
Voici l’ordre de grandeur de la bouché de pain : Le visiteur est valorisé et 1,26€ pour DailyMotion. A titre de comparaison, le visiteur est valorisé à 57€ pour Facebook

Ou Orange à profité de la période des soldes ou l'audience de Daily Motion ne vaux rien! En 2006 Google a payé 1,6 milliard de dollars pour le site YouTube.
Là où YouTube a environ 144 millions d'utilisateurs, Dailymotion en revendique 95 millions. Difficile de comprendre pourquoi Atlas Ventures et Partech (également actionnaire de Goomradio), ont valorisé Dailymotion à 120M€ d'euros à France Telecom.

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